mercredi 4 mai 2016

Et l'égalité entre parents et enfants on en parle ?

Depuis un moment, je suis marquée par pleins de petites choses que je vois, que j'entends, que j'observe, sur les enfants d'aujourd'hui.

Par exemple, je constate que les livres sur comment bien éduquer son enfant sont de plus en plus nombreux. La plupart sont de très bons conseils d'ailleurs. On y apprend comment s'adresser à eux, comment ne pas crier, comment ne pas s'énerver, comment leur donner confiance en eux, comment leur apprendre à être autonome etc. Moi-même j'ai 2 livres comme ça (dont je ne suis pour le moment pas aller au bout je dois l'avouer).

Une amie à moi, qui rencontre parfois des difficultés avec son fils, lit beaucoup. Elle a toujours été attirée par le côté "explication" à l'enfant dans toute situation. Elle me raconte de temps en temps ce qu'elle lit, ce qu'elle apprend, ce qu'elle applique. Et l'autre jour le sujet était qu'un des livres se mettait dans la tête de l'enfant plutôt que dans celle de l'adulte. Très bien. Mais ne va-t-on pas trop loin parfois ? Je vous explique : un des chapitres de ce livre explique que si les enfants ne disent pas tout le temps merci quand ils reçoivent un cadeau c'est sans doute aussi parce que ça ne leur fait pas forcément plaisir...

Ah bon ?

Moi j'ai toujours vu des enfants ravis au contraire, qu'ils disent merci ou non. Et quand bien même l'enfant n'aimerait pas le fameux cadeau, n'est-ce pas la base de la politesse de dire merci à une personne qui a eu une attention pour nous ? C'est tout de même ça aussi l'éducation non ?

Alors voilà, quand mon amie m'a parlé de ça, et bien j'y ai beaucoup repensé et je ne suis pas d'accord du tout avec cette théorie. Quand mon fils de 3 ans ne dit pas merci, je lui fais penser. S'il ne le fait pas je lui explique pourquoi il doit le dire. Si encore il ne le dit pas car il a décidé de me contrarier, ce qui peut largement arriver, alors je suis fachée. Ce n'est pas grave mais mon but est qu'il comprenne et que je n'ai plus à le lui rappeler. Suis-je trop dure ?

Autre chose, quand ils sont petits (on va dire avant 6 ans), les enfants ne se rendent pas compte de tout et surtout pas, qu'ils font beaucoup de bruit et que les adultes autour ont du mal à discuter entre eux. Mon fils est très bruyant, une vraie pile électrique, il adore chanter et danser. Ah oui et aussi crier, beaucoup. Il est plein de vie. Mais surtout, il aime qu'on s'intéresse à lui, tout le temps. Cela donne donc des repas entre adultes tournés autour de lui ou dans un vacarme permanent. Encore une fois, je ne suis pas d'accord. Nous parlons tout le temps avec lui, il nous raconte des tas de choses, on rit, on échange. Mais quand les grands veulent parler et qu'il nous coupe la parole, chez nous c'est non, tu attends. Pourtant, quand j'observe autour de moi, je ne constate pas toujours ça. Au contraire, nous adulte, nous devons arrêter nos conversations pour laisser la place aux petits. Les livres pourraient dire qu'ils ont besoin de s'exprimer peut-être. Et nous non ?

Le nombre de fois où je me suis retrouvée dans la configuration où nous nous retrouvons entre amis et sur plusieurs heures le constat est le même à chaque fois, on ne s'est quasiment rien dit. C'est triste non ? Les enfants parlent, jouent, rigolent. Mais nous ?

Nous avons la chance de loger actuellement dans une grande maison avec une très belle terrasse. Un des côtés top c'est que mon fils peut s'éclater avec ballon, trottinette, ou même vélo sur cette terrasse et moi je peux le surveiller par les grandes baies vitrées de la cuisine. Génial ! Mais souvent, il réclame qu'on aille plutôt dans l'impasse, beaucoup plus de place pour jouer. Logique. On y va souvent. Mais ce matin je lui ai dit que je ne pouvais pas tout de suite, que j'avais des choses à faire et qu'il pouvait jouer sur la terrasse. Comme à son habitude il a essayé de négocier, de chougner, de répéter 60 fois "mais mamaaaaaann", mais vraiment non, je n'avais pas de temps pour ça à ce moment-là. J'étais à 2 doigts de craquer, prête à remettre à plus tard mes propres activités mais j'ai tenu bon face à cette crapouille. Et vous savez quoi ? Il s'est éclaté. Et là pareil, je me suis dit qu'on leur passe tellement de choses au quotidien que c'est tout à fait normal qu'ils négocient, réclament, crient, osent... Mais si on apprenait à dire non plus souvent...

On dit souvent que "tout se joue avant 6 ans". Oh my god mais quelle pression ! Quand dans un livre je lis que je dois m'adresser à mon enfant en n'utilisant pas tels ou tels termes car même si l'enfant nous pousse à bout, il ne faut pas l'accuser ou le disputer, non, il faut trouver des termes qui expliquent la situation dérangeante mais surtout pas que l'enfant comprenne qu'il est fautif. Euhhhh... Je suis la seule choquée ? Surtout, les exemples donnés sont si difficilement appliquables ! Quand on est terriblement en colère, tout rouge, avec en plus la fatigue de la journée de travail, on peut réellement parler d'une voix douce, attentionnée et choisir nos mots avec précautions pour que l'enfant ne se vexe pas ? Quand il hurle à n'en plus finir et qu'il n'entend même pas notre voix on fait comment ?...
Aura-t-il une vie plus dérangée si nous n'appliquons pas tous les conseils des psychologues (ou pas) de notre temps ?

Nous sommes aussi à l'ère du net et de ce fait, des blogs. Alors les blogs de maman il y en a des tas. J'en suis plusieurs et j'adore ça. Souvent on y apprend pleins d'astuces, d'activités et aussi on constate que nos galères de maman, les autres les vivent aussi (ou pas...). Et puis il y a énormément (trop) d'humour sur nos conditions de maman, sur le fait que nous n'avons plus une seconde pour nous, que nous sommes prisonnière de nos enfants, que nous ne dormons plus, qu'être maman est extrêmement difficile (ça l'est) etc. etc. Ca aussi, quelque part, ça me dérange.

Aujourd'hui, on en fait des caisses. Le nombre de vidéos, BD, montages, Post... que j'ai pu voir sur la femme enceinte. Mais si je n'étais pas déjà maman je ne souhaiterai pas le devenir ! On dirait qu'on va passer 9 mois absolument horriblissimes ! Et alors quand le bébé né, c'est pire.

Finalement, beaucoup arrivent à faire de l'humour sur les points négatifs (ok c'est de l'humour mais à force de faire que ça on va finir par y croire non ?). Mais qui parle des côtés positifs ? Oh oui on les aime, ça, ya pas de doutes. Mais tout de même il y a autre chose non ?

Alors tout ça mélangé, ça donne cette conclusion : aujourd'hui, on se plaint beaucoup, mais on laisse aussi délibérément nos enfants prendre notre liberté. Et pourquoi ? Parce qu'on les aime démesurément ! Bien-entendu. Mais non, je ne suis pas d'accord. Si je laisse mon enfant venir aux toilettes quand j'y suis alors que j'ai 3 mn pour moi, je suis fautive. Sinon je ferme la porte à clé, je lui explique, je crie si il faut, mais dans quelques temps, il me laissera ces 3 mn sans que je ne lui dise plus rien. Si mes repas sont rythmées par les conversations de mes enfants, je vais me battre un temps, mais ils comprendront un jour ou l'autre que si je parle avec une autre personne, ils doivent attendre que j'ai fini.

C'est beau toutes ces théories mais je sais que nombreuses seront celles qui ne les partageront pas. Parce que chaque personne est différente, parce que chaque enfant est différent. Certains laissent déjà leur maman tranquille aux toilettes et d'autres ne la laisseront jamais ! C'est comme ça.

En ce moment je réfléchis beaucoup à tout ce dont je viens de parler car j'ai beau aimer mes enfants plus que de raisons, et même certainement les gâter (trop), je ne souhaite pas qu'ils puissent dès leur plus tendre enfance croire que tout leur est dû. Je trouve que la société reflète cette image qui me gêne, les parents coincés, dépendants de leur amour trop important, obligés d'être des parents parfaits en tous points vues et avoir des enfants parfaits. Je m'entends souvent penser "mais merde je suis pas un robot ! Je suis fatiguée, j'ai moi aussi des envies". Alors est-on réellement égaux avec nos enfants ou ont-ils le dessus sur nous dans une société qui les surprotège, qui les mets en valeurs en permanence et rabaisse les pauvres parents qui n'en peuvent plus mais c'est pas grave ?